Conseils pratiques : Conversations constructives avec les patients
De temps en temps, des patients se présentent à votre cabinet avec des demandes de traitement que, en tant que dentiste, vous savez ne pas être dans leur intérêt. Certains peuvent avoir des attentes très élevées que vous jugez irréalistes et impossibles à réaliser, tandis que d'autres peuvent demander un traitement qui dépasse votre expertise ou votre confort.
Certains patients peuvent refuser le traitement que vous recommandez en raison de limitations financières, d'un manque de connaissances ou d'opinions personnelles pour lesquelles il n'existe pas de base scientifique ou empirique généralement acceptée. Certains patients peuvent même essayer de dicter les matériaux et/ou les méthodes utilisés pour le traitement, ce qui peut être incompatible avec les normes de pratique.
À l'ère du numérique, les patients ont facilement accès à des informations cliniques provenant de nombreuses sources, telles que les sites web et les médias sociaux. Ils peuvent croire qu'ils ont les connaissances et le jugement nécessaires pour prendre en main leur santé dentaire en choisissant le traitement qu'ils souhaitent recevoir et même la manière dont il doit être effectué. Bien entendu, toutes les sources d'information ne sont pas égales en termes de fiabilité et d'exhaustivité.
Consentement éclairé
Il est de la responsabilité du dentiste de prendre le temps d'impliquer correctement ses patients dans le processus de consentement éclairé et de leur fournir des informations fondées sur des preuves concernant toutes les options de traitement raisonnablement disponibles. Cet effort sincère peut inciter certains patients à reconsidérer leurs demandes et, espérons-le, à accepter les recommandations de leur dentiste.
En tant que praticien de la santé, vous vous efforcez naturellement de répondre aux attentes de vos patients et de prendre en compte leurs préoccupations. Tout en comprenant et en respectant l'autonomie des patients, il peut arriver que vous vous sentiez contraint d'accéder à leurs demandes. Bien que les patients aient le droit ultime de prendre des décisions éclairées fondées sur leurs valeurs et leurs croyances personnelles, vous devez vous méfier des demandes qui semblent déraisonnables et potentiellement dangereuses si elles sont exécutées.
Il est important de noter que les actes suivants constituent des fautes professionnelles au sens de la loi sur l'art dentaire de 1991 :
- la violation d'une norme d'exercice ou le non-respect des normes d'exercice de la profession ;
- le traitement ou la tentative de traitement d'une maladie, d'un trouble ou d'un dysfonctionnement du complexe bucco-facial dont le membre sait ou devrait savoir qu'il dépasse son expertise ou sa compétence ;
- recommander ou fournir un service dentaire non nécessaire ;
- faire une déclaration concernant un remède, un traitement, un dispositif ou une procédure pour lequel il n'existe pas de base scientifique ou empirique généralement acceptée ;
- la prescription, la délivrance ou la vente d'un médicament dans un but inapproprié, ou l'utilisation inappropriée du pouvoir de prescrire, de délivrer ou de vendre des médicaments.
Les conseils suivants vous aideront à remplir vos obligations professionnelles, juridiques et éthiques, tout en respectant l'autonomie du patient.
- Examinez les mérites du traitement demandé et demandez-vous s'il peut nuire au patient ou s'il est susceptible d'échouer. Dans certains cas, le traitement demandé peut ne pas être l'option idéale ou celle que vous choisiriez, mais il n'enfreint pas les normes de pratique et offre une solution cliniquement acceptable.
- Si un patient demande un traitement qui n'est pas idéal, mais que vous jugez raisonnable, vous devez clairement informer le patient des risques et des limites associés à ce traitement. Vous devez également vous assurer que le patient a des attentes réalistes quant aux résultats potentiels du traitement.
- Si le patient demande un traitement que vous jugez inférieur aux normes de pratique et/ou que vous pensez ne pas être dans le meilleur intérêt du patient, vous ne devez PAS fournir ce traitement. Expliquez les raisons de votre refus du traitement.
- Si un patient demande un traitement qui dépasse vos compétences ou que vous ne vous sentez pas à l'aise de fournir, vous n'êtes PAS obligé de le faire. Expliquez les raisons pour lesquelles vous refusez le traitement. Vous pouvez proposer une orientation vers un ou plusieurs spécialistes dans les domaines appropriés et laisser le patient décider de la suite à donner à cette orientation.
- Si un patient refuse d'accepter vos recommandations de traitement, telles que la prise de radiographies nécessaires au traitement, expliquez les raisons de ces recommandations et les conséquences associées au refus. Si vous estimez que le refus du patient compromet votre capacité à fournir un traitement approprié conformément aux normes de pratique, ne fournissez PAS le traitement.
- En cas de rupture de la relation patient-dentiste, vous pouvez décider de renvoyer le patient de votre cabinet, conformément aux lignes directrices de l'Ordre sur le renvoi des patients.
Il est essentiel de documenter la discussion sur le consentement éclairé ou le refus éclairé dans le dossier du patient. Cette documentation peut s'avérer essentielle en cas de plainte formelle du patient auprès de l'Ordre ou de poursuite judiciaire.
Il est également important de se rappeler que vous avez une relation fiduciaire avec vos patients, ce qui crée une obligation légale d'agir uniquement dans leur meilleur intérêt. Bien qu'un patient puisse souhaiter vous dicter son traitement et vous proposer de signer un document de décharge ou de renonciation afin que vous puissiez donner suite à sa demande, vous devez garder à l'esprit que cela ne vous exonère pas de votre obligation fiduciaire et ne vous protège pas de la responsabilité. Bien entendu, chaque cas est unique et doit être évalué individuellement.
Si vous avez besoin de conseils supplémentaires concernant une situation particulière, veuillez contacter le service de conseil pratique de l'Ordre.